Les stocks : des actifs insuffisamment financés
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En dépit de leur poids dans le Besoin en Fonds de Roulement (BFR)

Les stocks constituent une composante du Besoin en Fonds de Roulement (BFR) de tous les secteurs nécessitant un recours à des flux physiques. Dans un contexte de relance de vos activités pendant lequel les banques risquent de durcir leur politique de crédits, pensez à optimiser les stocks pour limiter leur impact sur votre BFR.

Pour rappel, le Besoin en Fonds de Roulement (BFR) est le besoin de trésorerie engendré par le décalage entre les décaissements et les encaissements d’exploitation de l’entreprise.

Quelle est la nature des financements des stocks ?

Traditionnellement, les stocks sont financés par les banques via des découverts, des crédits de campagne (de plus en plus rares) ou des lignes de Billets à Ordre collatéralisées répondant à des besoins structurels, avec ou sans dépossession. Ces concours bancaires sont révocables à 60 jours et peu adaptés à l’emploi structurel que représentent les stocks dans les entreprises.

Parmi les modes de financement des stocks :

  • Certains factors proposent un financement des stocks sous la forme de simple extension de leurs lignes de financement de créances commerciales. Mais les contraintes juridiques et opérationnelles imposées marginalisent de facto ces offres.
  • Le prêt inter-entreprise défini par l’article 167 de la Loi Macron permet un financement de stock rapide. Ce type de prêt, accordé par une autre entreprise avec laquelle l’emprunteur entretient des liens économiques le justifiant (par exemple un fournisseur) peut s’étendre jusqu’à 2 ans.
  • Le crédit fournisseur est accordé par le fournisseur à l’acheteur mais le cadre juridique de la Loi LME, sauf dérogations limitées, en limite l’impact à 60 jours.
  • Le financement bancaire des stocks privilégie généralement le gage. En échange de cette garantie, l’entreprise obtient un crédit à court ou moyen terme adossé à ses stocks avec un surdimensionnement requis de 20 à 50% (par exemple, pour 100 K€ de crédit, 120 K€ de stocks gagés). Le gage concédé ne modifie pas la propriété des marchandises. Elles appartiennent toujours à l’entreprise qui les conserve dans son propre lieu de stockage. Toutefois, elles deviendront la propriété du prêteur si l’entreprise n’est pas en mesure de rembourser son crédit. Le gage sur stocks implique également l’intervention d’un prestataire gagiste spécialisé.
    A noter que les stocks grevés par une clause de réserve de propriété ne peuvent être remis en gage tant que le fournisseur considéré n’est pas rempli de ses droits.
  • Certains fonds de dettes déploient une stratégie d’investissement collatéralisée par les stocks, généralement via leur transfert dans un patrimoine fiduciaire.

Quels sont les obstacles courants rencontrés ?

Trois difficultés majeures limitent le financement de cet actif :

  1. La valorisation : la valorisation en valeur comptable est peu pertinente, sauf pour les stocks côtés sur des marchés. Pour les activités industrielles, les stocks sont valorisés au coût de production qui est rarement conforme à la valeur de marché en cas de défaut de l’entreprise. Dans les activités de négoce, quelle que soit la méthode de valorisation utilisée (FIFO, LIFO, CMP), nombre d’articles n’ont de valeur que celle que la demande leur octroie.
  2. La liquidité : Il s’agit de la capacité de à monétiser les stocks dans un temps court sans dévalorisation substantielle. En cas de défaut de l’entreprise, la demande ne pourra pas absorber instantanément les stocks et leur valeur de réalisation décroitra avec l’objectif de commercialisation rapide. De plus certains articles techniques ou spécifiques, du fait de la rareté de la demande, n’ont pas de liquidité.
  3. L’automaticité du transfert de propriété au financeur détenteur d’une sûreté sur les stocks : Il s’agit de la capacité du prêteur à réaliser l’actif dès survenance du défaut de l’entreprise. Sauf dépossession, avec toutes les contraintes opérationnelles induites pour l’entreprise, le droit des sûretés (gage ou fiducie) n’autorise pas la réalisation de l’actif par le financeur en remboursement de sa créance en cas de procédure collective (à l’exception notable de la liquidation judiciaire).

Une difficulté supplémentaire réside dans le caractère non-auto liquidatif de ce type de concours.

Le remboursement de la dette dépend de la revente des stocks, voire de leur transformation selon la nature des actifs concernés. En cas de disparition de l’entreprise, le financeur devra prendre en charge la commercialisation. Cette commercialisation n’est certainement pas de sa compétence.

Quels sont les contrôles et suivis par les prêteurs ?

Selon les activités et leur saisonnalité, les stocks sont structurels ou cycliques.

Le prêteur doit vérifier périodiquement que la dette consentie est cohérente avec le niveau des stocks remis en garantie.

Il existe des sociétés spécialisées qui réalisent ce suivi, notamment pour le compte des banques en plus d’organiser la tierce détention en cas de dépossession. Mais la logistique afférente reste lourde pour l’entreprise, sans être parfaitement protectrice pour le financeur. Sauf dépossession, le niveau des stocks remis en garantie peut baisser en deçà du seuil requis entre deux contrôles.

 

Au-delà du financement du Besoin en Fonds de Roulement (BFR), l’optimisation des stocks est un prérequis pour limiter leur impact sur le BFR.

Les entreprises doivent ainsi déterminer le juste niveau de leurs stocks, à savoir un équilibre cohérent entre un taux de service raisonnable et le BFR que leur structure financière peut supporter.

Une bonne gestion des stocks permet à l’entreprise de répondre à la demande tout en évitant un endettement trop lourd, facteur de fragilité. L’entreprise doit ainsi challenger les quantités qu’elle se propose d’acquérir. Pour parvenir à cet objectif, les délais de livraison, l’historique des ventes, les tendances du marché, les fournisseurs et clients concernés sont autant d’éléments à prendre en considération.

Nombre d’entreprises, déjà endettées via les Prêts Garantis par l'Etat, vont devoir financer leur BFR. Au plus bas durant la crise, ce dernier est amené à croître brutalement avec la relance de l’économie.

De surcroît, les stocks normatifs d’avant crise devraient évoluer sous la pression de différents facteurs, tels que notamment le prix des matières premières, le renchérissement des coûts logistiques et l’allongement des délais d’approvisionnement.

Dans le contexte actuel où les banques risquent de durcir leur politique de crédits, l’anticipation par les entreprises des besoins et des financements afférents apparait nécessaire et indispensable pour accompagner leur relance sans crise de liquidité.

Article co-écrit avec notre Partenaire DIOT Financement, Stéphane SCHAKER (Directeur des Opérations) & Olivier DHUIME (Directeur Général)

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Mis à jour le 01/10/2021
L’affacturage, la solution à ne pas négliger en temps de crise

Selon la Banque de France, "L'opération de factoring, ou affacturage en français, consiste en un transfert de créances commerciales de leur titulaire à un factor qui se charge d'en opérer le recouvrement et qui en garantit la bonne fin, même en cas de défaillance momentanée ou permanente du débiteur. Le factor peut régler par anticipation tout ou partie du montant des créances transférées." 

Le Prêt Garanti par l'Etat (PGE)

Le dispositif de Prêt Garanti par l’Etat (PGE) est un dispositif exceptionnel de garantie permettant de soutenir le financement bancaire des entreprises à hauteur de 300 milliards €. Il a été mis en place dès le début de la crise pour soulager la trésorerie des entreprises impactées par la crise du Covid-19 et il vient d’être adapté à la nouvelle situation sanitaire et aux demandes des entreprises.

Les prêts participatifs : un autre moyen de renforcer ses fonds propres ?

Le prêt participatif est destiné au financement à long terme des PME portant des projets d’investissement. Il constitue un outil de financement intermédiaire situé entre le prêt à long terme et la participation au capital.