TEKYN : Une production textile juste et responsable

La résilience vers un monde plus respectueux de ses ressources s’applique à toutes les industries. TEKYN a développé une solution globale destinée au secteur du textile pour des productions de vêtements à la demande, en quelques jours et en circuit court. Explications avec Pierre de Chanville, co-fondateur de TEKYN.

A l’instar des mesures contre le gaspillage alimentaire, le législateur s’intéresse de près aux biens non-alimentaires, dont font partie les textiles. Des millions de tonnes de vêtements seraient jetées par les marques, chaque année. Pour y remédier, une loi interdisant la destruction des invendus verra le jour fin 2019. Une première mondiale qui invite l’industrie textile à sortir de la logique linéaire : produire - vendre - jeter, pour tendre vers un modèle plus durable, voire circulaire. Cette tendance, Pierre de Chanville et Donatien Mourmant, co-fondateurs de TEKYN, l’ont parfaitement anticipée, dès 2017, en développant un modèle de production de vêtements à la demande, en 2 à 5 jours et en circuit court. 

Fabriquer au plus juste, même plus cher, pour gagner en rentabilité

 « TEKYN propose aux marques de confectionner des milliers de pièces en fonction des quantités qu’elles sont certaines de vendre. Ce nouveau process évite les sur-stocks et le risque de ne pas les écouler » explique Pierre de Chanville. Les bénéfices sont nombreux pour les marques qui peuvent ajuster leurs approvisionnements de produits finis, chaque semaine, quasiment en temps réel, en fonction de l’évolution des ventes et d’autres facteurs tels que la météo. « On démontre qu’il est plus rentable pour une marque de façonner un vêtement pour 10 euros qu’elle va vendre sous 10 jours, plutôt qu’à 3 euros, mais qui restera une charge à stocker et à se débarrasser ». 

Un modèle de « réservation de capacité » pour moins d’impact environnemental

TEKYN préfère attirer l’attention sur les marges de sortie comptabilisant les invendus, que sur les marges à l’entrée, moins réalistes. Et pour clore le cercle vertueux, la jeune entreprise fait réaliser les vêtements en France ou ailleurs en Europe et non à l’autre bout du monde. « En outre, les marques basculent d’une logique d’achat de gros volume, par exemple 3 000 pièces en une fois, pour rentrer dans un modèle de « réservation de capacité » où elles vont ajuster chaque semaine les quantités à produire en fonction des ventes de la semaine précédente : par exemple 300 pièces/semaine pendant 10 semaines ». Un argument de poids pour une industrie textile, deuxième plus polluante au monde après celle du pétrole. 

Vers une industrie textile 4.0

Mais comment fait TEKYN pour obtenir autant de souplesse et de réactivité ?  L’innovation repose sur des technologies robotiques et digitales soutenues par un réseau de professionnels. « Nous faisons passer l’industrie textile au stade 4.0. Plusieurs étapes ont été identifiées en amont et en aval pour être 100 % automatisées, comme la logistique et la préparation des kits de production » précise Pierre de Chanville. Concrètement, TEKYN met à disposition une plateforme web où les marques interagissent avec des fournisseurs, ateliers, couturiers, designers, etc., pour développer leur projet. Cette place de marché dédiée à la filière est connectée à des centres de pré-production, en France et en Europe. C’est là que les lignes robotiques de TEKYN coupent, taillent, marquent et emballent en kit les composants nécessaires pour produire le nombre précis de vêtements commandés, dans une grande diversité de tailles et de tissus. Les kits sont ensuite envoyés aux ateliers pour finaliser la confection, assistés par une app digitale.

Une croissance raisonnée

« Les marques qui veulent travailler avec nous sont celles capables de se projeter dans un modèle plus raisonnable, quel que soit leur niveau de gamme » commente Pierre de Chanville. 
Afin d’assurer son avenir, TEKYN procède à des levées de fond à des moments clés de son évolution. Celle de février 2019, complète un total de financements de plus d’1 million d’euros, et renforcera les lignes de production et la plateforme Web. « Fin d’année 2019, nous visons un chiffre d’affaires mensuel de 100 000 euros » prévoit le chef d’entreprise. Implanté dans les Hauts-de-France, à Bobigny (93) et bientôt à la Courneuve (93), TEKYN est en lien étroit avec la CCI de Seine-Saint-Denis. C’est aussi grâce à elle que TEKYN a été invité à participer à Vivatech 2019 sur le stand de la CCI Paris Ile-de-France. Un événement emblématique pour les start-up comme TEKYN qui inventent de nouveaux usages et pratiques en adéquation avec les enjeux du développement durable.