Lettre d'information mensuelle de la CCI Paris Ile-de-France consacrée à la gestion des ressources humaines : actualités, jurisprudence, fiches pratiques, outils, témoignages d'experts...
Longtemps cantonnée à des débats théoriques, la transparence devient désormais une obligation politique et juridique, portée par la directive européenne 2023/970 du 10 mai 2023, que la France devra transposer d’ici le 7 juin 2026.
La question de la transparence salariale s’impose aujourd’hui comme l’un des grands chantiers sociaux à venir pour les entreprises françaises. Derrière cette pompeuse appellation, se dessine une évolution profonde des pratiques RH : plus de clarté, plus d’équité et une exigence croissante de cohérence entre les grands et beaux discours et les faits concrets.
Jusqu’à présent, notre cadre légal s’est contenté du principe fondateur : « à travail égal, salaire égal ». Un principe ancien, inscrit dans la loi depuis 1972, mais dont l’application concrète reste imparfaite. Bien entendu, des dispositifs existent déjà, comme l’index égalité femmes-hommes ou la publication des écarts de rémunération dans certaines entreprises, mais force est de constater qu’ils ne suffisent pas à garantir une véritable transparence. Les salariés, comme les candidats, peinent encore à savoir comment sont déterminées les rémunérations, sur quels critères elles reposent et dans quelle mesure elles reflètent une équité réelle entre les individus.
La future législation française prévoit d’imposer la mention obligatoire d’une fourchette de salaire dans toutes les offres d’emploi. Les formules vagues, que nous voyons sur quasiment toutes les annonces, du type « selon profil » ou « à négocier » devraient disparaître, au profit d’une information claire et standardisée. L’employeur ne pourra plus interroger un candidat sur sa rémunération actuelle ou passée, et certaines clauses interdisant aux salariés de parler librement de leur salaire seront considérées comme nulles. Pour les entreprises de plus grande taille, un rapport périodique sur les écarts de rémunération entre femmes et hommes devra être rendu public : chaque écart devra être mesuré, expliqué et, in fine, corrigé.
Ce virage, plutôt discret dans le débat public, marquera une véritable révolution culturelle. Car la transparence salariale ne se limite pas à un affichage. Au contraire ! Elle interroge la structure même des politiques de rémunération, la façon dont les grilles sont construites, les critères retenus pour reconnaître la performance ou l’ancienneté. Par conséquent, les services RH devront repenser leur approche, non plus seulement en termes de conformité, mais aussi de pédagogie. Il s’agira d’expliquer, de justifier, et d’assumer des choix de rémunération devenus visibles pour tous.
Au-delà de la contrainte, car il apparait que l’opacité actuelle est synonyme d’une certaine facilité, cette mutation offre aussi une vraie opportunité. La transparence peut devenir un levier puissant de marque employeur, si importante pour attirer les talents : un signe de confiance et d’attractivité. Dans un marché du travail en tension, où les candidats cherchent à comprendre ce qui se cache derrière les annonces, la clarté peut faire la différence. Mais elle demande une maturité organisationnelle : celle d’un dialogue sincère entre dirigeants, managers et collaborateurs.
La France s’avance donc vers une ère où le silence autour des salaires ne sera plus tenable. Les prochains mois seront ceux de la concertation et de la préparation ; le texte national est attendu d’ici fin 2025, pour une mise en œuvre progressive dès 2026. Les entreprises qui prendront les devants y verront un atout stratégique. Celles qui attendront risquent, au contraire, de subir la transparence plutôt que de la maîtriser. Pour conclure, risquons un avis personnel : après 10ans passés dans les Ressources Humaines, il apparait clair que la transparence n’est pas un risque, c’est une promesse de confiance durable.
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L’obligation de transparence des salaires… c’est pour 2026 ! Une directive européenne (2023/970 du 10 mai 2023) à transposer en droit français d'ici le 7 juin 2026, vise à renforcer la transparence des rémunérations pour lutter contre les inégalités salariales en entreprise.
Un recruteur sur trois n’indique jamais la rémunération dans les offres d’emploi qu’il publie quand seulement 30% des recruteurs la mentionne de manière systématique (étude HelloWork – mai 2022). Faut-il l'indiquer ou non ?
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